8 mars : grève féministe pour faire de l’égalité femmes-hommes une réalité !
Depuis plus d’un siècle, une journée internationale pour les droits des femmes revendique l’égalité. Mais nous sommes encore bien loin d’une participation égalitaire des femmes aux prises de décisions publiques comme à la vie des organisations collectives, bien loin de l’égalité professionnelle qu’il s’agisse des salaires ou des déroulements de carrière, bien loin d’une protection réelle contre les violences et les harcèlements…
La crise épidémique montre avec une particulière acuité la fragilité des progrès et la persistance des inégalités. C’est à nouveau les femmes qui sont les premières victimes des pertes d’emplois et baisses de revenus . Ce sont elles qui sont l’objet de l’exacerbation des violences conjugales pendant les confinements . Ce sont elles pour qui le télétravail s’est accumulé avec les charges domestiques et pour qui ses conséquences en termes de détérioration de la santé morale et physique s’annoncent déjà avec une importance particulière.
La crise a montré l’importance sociale des métiers à prédominance féminine : caissières, infirmières et aide-soignantes, agentes de services, employées de maison, enseignantes, travailleuses sociales, aides à domiciles ou agentes d’accompagnement… Le rôle essentiel des « premières de corvées » est ponctuellement célébré par quelque propos politique ou médiatique mais reste marqué par une faible reconnaissance sociale, des conditions d’emploi précaires, des rémunérations faibles et des conditions de travail dégradées. Pire encore, les études convergent pour annoncer que l’après-crise connaîtra une augmentation des inégalités aux dépens des femmes.
Les conditions d’un progrès égalitaire réel sont pourtant connues :
- – Se donner des outils qui permettent de traquer tout ce qui produit des écarts de rémunération entre femmes et hommes et garantir, par des contraintes légales faites aux employeurs, l’obtention de résultats réels d’égalité de rémunérations et de carrières.
- – Lutter contre les hiérarchisations et dévalorisations d’emplois et de métiers basées sur des normes sexistes, notamment par une revalorisation salariale de ces activités.
- – Lutter par la protection, la prévention, la formation, contre toutes les formes de violences sexuelles et sexistes.
- – Renforcer les services publics en matière de prise en charge des enfants.
- – Mettre en œuvre, au sein de l’école, une éducation à l’égalité en déconstruisant les stéréotypes sexistes et en valorisant l’émancipation des femmes.
Force est de constater, qu’au-delà des discours, la volonté politique est loin d’être suffisante pour y parvenir, pour permettre à chaque fois que cela est nécessaire de contraindre les employeurs, de développer les protections juridiques, de s’engager pour une véritable transparence des rémunérations, d’investir dans le service public pour contribuer à l’égalité.
Combien de temps encore faudra-t-il pour qu’il soit mis fin aux discriminations dont les femmes continuent à être victimes au quotidien de leurs vies personnelles, familiales, professionnelles ? Combien de temps accepterons-nous encore qu’à travail égal, les femmes puissent être moins payées et moins reconnues ? Combien de femmes devront encore être victimes de féminicides ou voir leurs vies détruites par les violences, dominations et harcèlements dont elles sont l’objet ?
C’est pour que l’égalité entre les hommes et les femmes devienne réalité que toutes et tous nous nous mobiliserons le lundi 8 mars en rejoignant l’appel de nombreuses organisations syndicales et féministes à faire grève et manifester.
Éditorial de la lettre de l’Institut de recherches de la FSU du 2 mars 2021
Paul Devin, président de l’IR.FSU