Dès son apparition, le mouvement socialiste a su concevoir et parfois mettre en œuvre des formes et conceptions originales de l’éducation. Cette revendication à une éducation émancipatrice a largement précédé les grandes lois de la Troisième République, comme elle a précédé celles de Guizot.

Perçue comme une richesse indispensable pour une vie digne, comme la clé de l’émancipation, l’éducation est au cœur des diverses conceptions du socialisme et en résume le sens. Marx a pu définir le communisme comme « une association d’hommes libres qui s’éduquent mutuellement ».

Par-delà leur diversité et par-delà les inévitables évolutions sur plus de deux siècles d’histoire, deux principes essentiels sont communs à ces différentes philosophies politiques que l’on nomme les socialismes : d’une part, la conviction que l’homme est éducable et perfectible ; d’autre part, que le progrès peut être perçu dans l’histoire comme il doit orienter l’action politique.

Notre ambition est de présenter de manière synthétique et systématique les manières avec lesquelles ces pensées politiques ont pu concevoir l’éducation en lien avec un projet de transformation sociale plus ou moins radical.

A la suite de la parution d’un premier volume, Socialismes et éducation au XIXe siècle, éditions Le Bord de l’Eau, nous souhaitons poursuivre notre enquête et consacrer notre travail au XXe siècle.

Le XXe siècle marque à l’évidence une rupture fondamentale avec la constitution d’un véritable système éducatif.

De fait, si au XIXe siècle la question essentielle a été pour le socialisme de définir, et parfois de mettre en œuvre, des modes d’éducation inédits et compatibles avec les perspectives de transformation sociale, le XXe siècle impose la problématique de la démocratisation de l’école.

Acceptant progressivement l’école de la République, les socialismes du XXe siècle s’engagent en effet dans un processus historique et idéologique particulier : celui de confier à l’Ecole le rôle d’assurer l’égalité dans la société.