Orienter les filles vers les filières et les carrières scientifiques : perspective émancipatrice ou injonction adéquationniste ?

Ce premier axe de travail est conçu comme un lieu où nous pourrons croiser les regards à partir de plusieurs travaux, en cours ou annoncés, dans d’autres chantiers de l’Institut, parmi lesquels le chantier Femmes, savoirs pouvoirs et Alternatives syndicales au néolibéralisme, mais aussi le nouveau chantier Système éducatif et inégalités de genre installé dans l’Académie d’Aix-Marseille.

L’objet de cet axe de travail est d’interroger l’objectif d’orienter davantage les filles vers les filières et les carrières scientifiques. Au nom de l’égalité entre les filles et les garçons, au nom de l’émancipation des filles, de nombreux programmes sont mis en œuvre en ce sens. Ces programmes reposent souvent sur la conviction selon laquelle les filles s’orientent moins vers les sciences en raison du poids des stéréotypes et faute de confiance en soi, faute d’ambition. Si ces programmes se réclament du féminisme, ne reposent-ils pas néanmoins sur une conception à la fois libérale et masculine de la réussite ?

Pour cette première année de travail, les objectifs demeurent modestes. Outre la production d’un état de l’art sur la question, il s’agira principalement de mener une enquête préliminaire permettant de mieux délimiter l’objet de travail et d’affiner la problématique.

Cette recherche préliminaire reposera principalement sur l’analyse de corpus de documents (rapports, textes juridiques et réglementaires, appels à projet, etc.). Elle pourra également s’appuyer sur des entretiens avec des acteurs des politiques publiques en la matière, des concepteurs des programmes étudiés et des acteurs qui y interviennent ou encore des bénéficiaires de ces programmes.

Psy-EN : Un métier en mutation

L’objet de cet axe de travail est d’interroger les évolutions du métier de conseiller d’orientation psychologue puis de psychologue de l’Éducation nationale – EDO (Éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle), du point de vue des missions mais aussi du travail effectif des professionnels, tout en resituant ces évolutions dans le cadre plus général des réformes du système scolaire. Si la création du corps unique apparaît comme une reconnaissance des psychologues de l’Éducation nationale et notamment de leur expertise psychologique, comment expliquer que leur rôle en matière d’orientation soit en même temps remis en cause, au profit, d’une part, des enseignants et, d’autre part, d’organismes extérieurs (régions, associations, etc.) ?

Le travail réalisé dans ce cadre n’a pas vocation à se substituer aux travaux menés par ailleurs par les PsyEN du SNES au sein de leur secteur. Il s’agit au contraire de proposer des analyses complémentaires, qu’un dialogue avec ce secteur ne pourra qu’enrichir.

Il s’agira d’abord de faire le point sur la littérature existante et sur l’enquête préliminaire réalisée l’an dernier – une dizaine d’entretiens avec des PsyEN-EDO issus de diverses académies, avec plus ou moins d’ancienneté dans le métier et exerçant ou non des responsabilités syndicales. Cela nous permettra de mieux cerner les éléments à travailler. À terme, sont envisagées des publications de nature à la fois académique, par exemple sous la forme d’un article, et plus militante, sous la forme d’une note pour la FSU et/ou grâce à des interventions dans le cadres de stages syndicaux.

Cette recherche s’appuiera à la fois sur l’étude d’un corpus composé de rapports publics et de textes juridiques ou réglementaires et, si possible, sur des entretiens avec des acteurs impliqués dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques en matière d’orientation.

Elle s’appuiera par ailleurs sur une enquête plus ethnographique, composée d’entretiens avec des professionnels et d’observations dans le cadre de leur travail. Une monographie pourra être envisagée.