Retrouver l’espérance de la transformation sociale
C’est sous de multiples formes que la question de la démocratie revient au cœur des débats, multipliant l’expression de doutes sur les organisations et les fonctionnements actuels des pouvoirs politiques. L’usage du 49.3 en est un exemple criant.
Nul doute qu’il est légal puisqu’inscrit dans une procédure constitutionnelle parfaitement cadrée mais cette légalité n’est plus suffisante face au sentiment d’un pouvoir confisqué au profit d’intérêts particuliers, d’un discours politique ayant abandonné la sincérité des finalités pour la stratégie d’éléments rhétoriques et d’un mépris des mouvements sociaux. Au contraire, cette légalité fragilise sa valeur démocratique en imposant le silence au débat parlementaire comme au mouvement social.
La question vient heurter de plein fouet les débats sur l’avenir du syndicalisme et de sa capacité à contribuer à la vie démocratique. D’aucuns nous opposerons que le syndicalisme est fondamentalement de cette même veine qui a épuisé les espérances de démocratie et n’en entretient que les illusions fussent-elles légales. Notre responsabilité est de reconstruire une représentation largement partagée chez les travailleurs de la capacité des syndicats à transformer la société, à construire des alternatives sociales et économiques, à repenser le rôle de l’État pour garantir les finalités égalitaires de son action.
Le colloque que l’Institut de recherches de la FSU organise à Paris le 1er avril prochain réunira, lors de tables rondes, plus d’une quinzaine de responsables syndicaux pour débattre de ce qui constitue un tournant nécessaire, au vu des difficultés à mobiliser et des insatisfactions exprimées. C’est cette même volonté de redonner un élan vital au syndicalisme qui a conduit l’Institut à publier l’ouvrage coordonné par Francis Vergne et Christian Laval : « N’attendons pas la fin du monde » pour que soient examinées avec toute la rigueur critique nécessaire mais sans apriorisme ce que les propositions alternatives de lutte peuvent apporter au mouvement syndical. Et de toute urgence, sans doute, pour lui permettre d’intégrer la question écologique dans ses revendications classiques. C’est le thème du Regards croisés n°33 qui parait ce mois et ce sera l’enjeu d’un nouveau chantier de notre institut : « transition écologique et justice sociale ».
Rien ne nous condamne au seul constat d’une démocratie négligente des intérêts collectifs comme des finalités égalitaires. C’est pourquoi l’Institut de recherches de la FSU veut lui opposer des modèles nouveaux, ce qui ne présuppose pas un enthousiasme naïf pour l’utopie mais une volonté farouche de revivifier les luttes syndicales par l’espérance d’une transformation sociale émancipatrice.
Editorial de la lettre de l’Institut de recherches de la FSU du 3 mars 2020
Paul Devin, président de l’IR.FSU