Dans la société salariale qui est la notre, la question du travail est centrale. La question du travail, c’est-à-dire son contenu, les valeurs qui l’animent, les conditions de sa réalisation, ses effets sur les travailleurs, etc. devrait donc être au cœur de la réflexion et de l’action syndicale.

Les salariés rencontrés lors des stages animés par le chantier Travail ont toujours beaucoup de choses à dire sur leur travail. Ce qu’il est ou ce qu’il n’est plus. Ce qu’ils voudraient qu’il soit. On touche le cœur de l’activité. Les rapports avec les collègues, la hiérarchie ou les usagers structurent la vie dans et hors travail. Les constats sont souvent amers et le désir de « reprendre la main » sur leur travail est très fort.

Pour faire avancer la réflexion et confronter les expériences, le chantier Travail et syndicalisme a organisé un séminaire où les différents syndicats de la FSU ont été sollicité. Il leur a été demandé de répondre, à partir d’exemple concrets, à deux questions : comment les recompositions de l’Etat dans le secteur concerné, impactent le travail des agents ? Et comment, sur le terrain, salariés et syndicat réagissent à ces transformations, les difficultés rencontrées, les choix opérés, les victoires obtenues ?

La première séance du séminaire, le 16 juin 2011, a permis d’entendre et de discuter les contributions du SNASUB (Syndicat National de l’Administration Scolaire et Universitaire et des Bibliothèques), du SNE (Syndicat National de l’Environnement) du SNUTEF (Syndicat National Unitaire Travail Emploi Formation) et du SNPES-PJJ (Syndicat National des Personnels de L’Education et du Social PJJ).
D’autres séances suivront.

Pour le SNASUB, les suppressions de postes induites par la RGPP ont généré un flou organisationnel. Le non-remplacement induit une double négation : de la valeur du travail de l’agent remplacé et de la valeur du travail du remplaçant (s’il peut occuper deux postes c’est que ce qu’il faisait avant comptait peu).

Le Ministère de l’Equipement et celui de l’Ecologie ont fusionné en 2007. Les restructurations de services ont été considérables, aux échelons national comme régional. Le SNE montre que des conflits entre « cultures de travail » ont éclaté. Le contenu du travail est bouleversé : horaires, polyvalence, nouvelles tâches sans formation pour les uns, sous-emploi pour d’autres.

Au ministère du travail et en région, LOLF et RGPP ont provoqué un changement à marche forcée, une réduction des marges de manœuvre et une perte du sens du travail pour les agents. Selon le SNUTEFE, surcharges et sous-charges de travail coexistent et une salariée déclare « ne pas partir en vacances trop longtemps de peur de voir sa mission supprimée au retour ».

Au ministère de la Justice, la RGPP a aussi provoqué des restructurations, des suppressions de postes qui conduisent à un véritable démantèlement de la filière. Le SNPES-PJJ estime que les missions ont été profondément transformées : le volant éducatif est sacrifié au profit de la sanction. Alors qu’elles ont besoin de cohérence et de coordination, les équipes sont brisées.

Le constat général est que les syndicats, confrontés à de nouveaux enjeux, souvent pris de court par la brutalité des « réformes », peinent à dégager des revendications unifiantes. Des réponses s’organisent néanmoins sur la base de réflexions collectives, d’échange d’expériences. L’appui sur les résistances des agents et la formation des militants sur les questions du travail sont des priorités.