La formation des maîtres a toujours été – et demeure – au carrefour de tous les enjeux du système éducatif, notamment en France, dans un pays où le service public laïque d’éducation constitue un pilier de la République. Elle est en effet liée de façon déterminante à la fois aux buts assignés à l’École, à son organisation, aux contenus des enseignements, et à la situation des personnels enseignants fonctionnaires (recrutement et niveau de qualification, rémunération, définition des fonctions et services…) qui sont les agents principaux du fonctionnement et de la reproduction du système.
Il n’est donc pas étonnant que tous les syndicats d’enseignants s’en soient toujours préoccupés…
Soulignons aussi que les positions et revendications sur la formation des maîtres et les structures syndicales – elles-mêmes adaptées aux structures du système, en particulier dans la FEN – ont toujours été dépendantes l’une de l’autre.
On pouvait espérer que dans la nouvelle FSU, pourrait être réglées les anciennes divergences sur la formation des maîtres qui avaient empoisonné la vie de la FEN. Surtout après l’abandon du projet de professeurs de collège, l’unification du recrutement des maîtres du 1er et second degré au niveau minimum de la licence, et la création des IUFM qui répondait sur le fond aux grandes revendications des syndicats qui se retrouvèrent pour créer la FSU. Cela ne fut pas vraiment le cas.
Surtout avec la mise en place de la mastérisation. Gérard Aschieri, bon connaisseur de ce dossier[1], homme de synthèse et de compromis, reconnaissait dans une interview, que c’était probablement le sujet « le plus conflictuel » dans la FSU aujourd’hui, « plus que la question de l’école du socle ».
Comment comprendre cette situation ? Faut-il s’en tenir à l’explication qui en était donnée dans le texte d’orientation UA pour les élections de la FSU de 2001, trouvant la cause des débats, tensions ou divergences dans « la complexité des problèmes et des différences dans l’histoire de nos métiers ou de nos pratiques professionnelles et syndicales » ? Quel a été le poids des logiques revendicatives des syndicats nationaux – et de leur histoire – par rapport aux aspirations unificatrices qui auraient dû se concrétiser au plan fédéral ?

On peut aborder la problématique à trois moments :

  • un premier s’étendant sur la première décennie de fonctionnement des IUFM où les différences d’appréciation sont déjà présentes. L’année 1999-2000 est un bon point d’observation,
  • un second à partir de 2005-2006 où la mastérisation se précise,
  • et enfin. une troisième où il faut tenter recoller les morceaux en 2009-2010 après le clash du CTPM de mai 2009.

[1] Il avait été responsable de la formation des maîtres au SNES à partir de 1978 et durant les années 80.