Tenter de retracer l’histoire d’Unité et Action, tendance majoritaire de la FSU, dans la vie de la fédération devrait permettre d’explorer l’une des facettes de la démocratie syndicale. Des sensibilités différentes existent au sein de toutes les organisations syndicales, mais celles-ci en général ne sont ni reconnues ni organisées sur le plan statutaire. Seul le syndicalisme enseignant a institutionnalisé les « tendances » dans son fonctionnement. En 1948, cette forme d’organisation a permis à la FEN de conserver son unité. Quand la FSU choisit de conserver le principe de l’organisation en tendances, tout en modifiant radicalement leur place et leur rôle dans les statuts de la nouvelle fédération, la FEN venait de les supprimer en son sein.
Le fonctionnement réel des organisations syndicales est souvent trop peu étudié dans ses multiples aspects. La lecture des statuts ou l’orientation syndicale arrêtée dans un texte en fonction des rapports de forces existants, les compromis ainsi exprimés, suffisent rarement à saisir tous les processus multifactoriels à l’œuvre dans la décision syndicale, qu’il s’agisse d’élaborer une plate-forme revendicative, de lancer une mobilisation ou de signer un accord. Si la démocratie syndicale se trouve vivifiée en période de mobilisations sociales grâce à l’intervention dans le débat social des syndiqués et plus largement des salariés, elle peut devenir atone à d’autres moments. Toute la difficulté consiste notamment à cerner au plus près le travail syndical dans toute son épaisseur, à tenter notamment de prendre en compte le contexte dans lequel il se situe, et les dynamiques à l’œuvre dans le champ syndical, qui se situe à la confluence du social et du politique, tout particulièrement s’agissant de celui de la fonction publique. Ce contexte est par nature évolutif, et l’étudier signifie tenter d’approcher les facteurs qui modifient constamment les rapports de forces, les possibilités d’alliances, les relations entre l’organisation syndicale et les salariés qu’elle représente.
C’est toute la question de l’orientation syndicale qui doit être interrogée, ce qui, dans le cas de la FSU, suppose de mieux approcher les orientations défendues par les tendances, ici, celle portée par Unité et Action. Cette orientation est-elle affirmée, cohérente ? Comment se modifie-t-elle dès lors qu’Unité et Action dirige désormais une fédération ? Quel rôle joue-t-elle dans l’orientation de la fédération ?
Josiane Dragoni, septembre 2016