L’article 1 des statuts de la FSU dispose qu’elle est une « fédération de syndicats nationaux », puis précise que « dans son fonctionnement, la Fédération rassemble, notamment par leur représentation dans les instances délibératives : les syndicats nationaux[1], les sections départementales constituées, dans chaque département, par les membres des syndicats nationaux adhérents, les tendances, dont le droit d’existence est garanti dans la Fédération ».
L’article 2 précise quant à lui les modalités d’élaboration du « fédéral[2] » : « La Fédération donne la primauté au dialogue et à l’écoute mutuelle, associe l’ensemble des syndiqués au débat et à la vie de la Fédération, respecte les diversités. Elle a en permanence le souci de débattre avec l’ensemble des personnels. Ainsi elle favorise l’émergence d’un véritable point de vue fédéral dans lequel chacun peut se reconnaître, dégageant l’unité profonde des aspirations des personnels, affirmant les solidarités ».
Le « point de vue fédéral » que nous choisissons de nommer le « fédéral » a été conçu comme se construisant dans le cadre d’un fonctionnement démocratique de la fédération, où syndicats nationaux, Sections Départementales (SD) et tendances constituent le trépied sur lequel repose l’équilibre démocratique de la fédération.
Comment, dans les faits, ces deux principes sont-ils mis en application, notamment au cours des années 2000?

Le constat
Les militants qui fondent la FSU en 1993 partagent la conviction qu’un syndicalisme unitaire, pluraliste et démocratique, s’appuyant sur les salariés, autonome vis-à-vis de tout pouvoir politique, est à même de défendre les salariés et d’obtenir des avancées sociales, donc des réformes au sens positif du terme, celui de la première besogne de la charte d’Amiens. Ils n’oublient pas la deuxième besogne, la définissant sous une nouvelle appellation, celle de la transformation sociale. Cette formulation, adoptée lors de l’assemblée des Comité de Liaison Unitaire à Perpignan en 1992, vise à adopter à la nouvelle période ce que le syndicalisme révolutionnaire portait lors de la charte d’Amiens.
Unitaire, pluraliste et démocratique, la FSU s’oppose aux processus de recomposition bureaucratique fondés sur la primauté de l’homogénéisation interne. Elle considère erronées les visions binaires du syndicalisme, qui en découlent : un bloc syndical autoproclamé « réformiste » d’un côté, s’opposant à un autre baptisé « contestataire ». Tout syndicalisme ne se préoccupe-t-il pas d’obtenir des améliorations immédiates de la situation des salariés qu’il défend ? Comment la FSU articule-t-elle les différents principes qui la fondent ?
Lors de la création de la FSU, les militants imaginent un champ fédéral non pas séparé et « réservé » à la fédération comme la FEN l’avait en son temps théorisé et mis en œuvre, mais co-élaboré démocratiquement à partir des positions des syndicats nationaux. Parce que cette définition est issue d’une confrontation entre différentes sensibilités, on y trouve les ingrédients portés par les différentes tendances qui sont supposés s’équilibrer. Ainsi le fédéral doit se construire à partir des cultures professionnelles, ancrées dans les réalités sociales et économiques en fortes évolutions, à condition qu’il soit tourné vers l’avenir et vers la transformation sociale. Faut-il dès lors concevoir des champs réservés aux syndicats nationaux pour tout ce qui concerne leur champ de syndicalisation ? Les positions divergent, s’affinent, parfois se bloquent en fonction de la situation et des contextes toujours évolutifs par nature.
Ainsi, la « percée flamboyante » de la jeune fédération a pu laisser supposer l’harmonie fédérale et démocratique réalisée jusqu’en 1997. Mais la panne fédérale sur la question éducative lors de la période Allègre…
Josiane Dragoni

[1] C’est moi qui souligne, en gras, les éléments essentiels sur lesquels reposent l’élaboration du fédéral selon les statuts.
[2] J’ai choisi « fédéral » plutôt que « fédéralisme », car ce dernier terme a une tout autre signification, en particulier au sein de la CGT ou de FO. Il désigne avant tout l’autonomie des fédérations, voire de tout autre structure par rapport à la confédération. Cf en annexe.

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