Toute l’équipe de direction du Snesup, avec son secrétaire général en tête, Hervé Christophol, a décidé à l’automne dernier d’explorer les problématiques liées au travail : construire un regard syndical sur l’activité des enseignants-chercheurs, tenter d’analyser et de comprendre ce qui se joue dans l’activité de travail, individuelle et collective, avec une visée transformatrice.

L’objectif est de redonner la main aux enseignants-chercheurs sur leur travail, son organisation, ses missions, son sens, ses normes et ses valeurs, avec l’aide du syndicat. En un mot, inventer une autre façon de concevoir l’activité syndicale et le syndicalisme, cesser de considérer le travail en tant qu’activité humaine comme une matière étrangère au syndicalisme.

Le 11 janvier, une cinquantaine de syndicalistes, enseignant-chercheurs, membres de CHSCT, responsables des affaires personnelles, des conditions de travail, de la situation des personnels… analystes du travail en ergonomie, en ergologie, membres du chantier travail de l’Institut de recherche de la FSU, ont débattu toute la journée.

Reconstruire un sens au travail

La matinée a été consacrée aux « transformations du travail universitaire ». Une introduction de Yves Schwartz a esquissé « un point de vue ergologique sur le travail et ses transformations » ( [1]).

Trois ateliers ont discuté des rapports au temps et aux lieux dans l’activité de travail, des articulations entre le travail individuel et le collectif de travail, de la reconnaissance du travail par les pairs, l’institution, les étudiants… Les trois ateliers ont convergé sur des interrogations concernant le sens du travail des universitaires, les rapports aux savoirs, les capacités de résistance développées au sein de l’activité même, dans des collectifs plus ou moins informels. Enfin, un thème transversal a traversé les débats : la santé au travail au sein des universités, les possibilités de s’épanouir et de se développer dans son travail, les capacités des enseignants-chercheurs à développer leurs propres normes et valeurs, et aussi les coûts du travail en termes de pathologies, maladies diverses, burn out, souffrance physique et psychique, dépressions… jusqu’aux suicides liés au travail empêché ou maltraité, « au travail impossible et invivable ».

Réinterroger le sens du travail syndical

Dans les transformations du travail « les experts c’est nous, notre activité de travail constitue à la fois le problème et la solution » pour redonner sens au travail, a résumé Hervé Christophol.

Les travaux de la matinée ont mis en visibilité une matière déjà accumulée sur l’activité de travail et sa condition. Il s’agit maintenant de travailler syndicalement cette matière dans les instances syndicales, à tous les niveaux, avec les enseignants-chercheurs.
Ça sera l’objectif des « assises du travail universitaire » lancée par le séminaire du 11 janvier. Il s’agit de mener « une réflexion sur le terrain, à l’initiative des sections locales ».
A travers ces échanges sur leurs expériences de travail et sur les expériences syndicales locales, les enseignants-chercheurs, tous les enseignants du supérieur, sont invités à construire avec le syndicat, les savoirs, les concepts, les outils, les méthodes, pour faire émerger ce nouveau travail syndical sur le travail et sa transformation, que la situation appelle d’urgence.
Dans ce nouveau chantier « sur les transformations du travail universitaire » l’Institut de recherche de la FSU à partir de l’expérience du chantier travail, est heureux d’avoir pu apporter son concours. Cela enrichit son expérience et donne matière à travailler pour enrichir sa propre activité ( [2]).

Yves Baunay

Institut de recherche de la FSU

Chantier travail

[1] cf. Regards Croisés n°12 octobre à décembre 2014, entretien de Yves Schwartz par Christine Castejon et Yves Baunay « le travail est toujours une matière étrangère »

[2] Parmi les membres du chantier travail ayant participé à la préparation et à l’animation du séminaire : Dominique Cau-Bareille, ergonome, maître de conférence, Christine Eisenbeis, chercheure à l’INRIA, membre du bureau du SNCS, Gérard Grosse, Yves Baunay, Marc Guyon, enseignant-chercheur, Pierre Deronsard, Marie-Hélène Motard qui nous a rejoint l’après-midi.