« Les visages écrasés » de Marin Ledun.
Roman noir, éditions du seuil, 2011.

Roman noir. La précision est importante. Nous sommes dans une entreprise, une plate-forme d’appels. Soixante personnes séparées par des cloisons et le ronronnement des postes informatiques. « Chronomètre intégré dans l’ordinateur, tout est retranscrit en direct au supérieur hiérarchique : le nombre d’appels par heure, le temps de réponse, le nombre de ventes, le temps de retrait ». Et les règles qui changent toutes les semaines, la concurrence entre salariés avec l’affichage des résultats de chacun, les objectifs insensés, le flicage … Des maladies, des suicides. Le narrateur est une femme, médecin du travail dans l’entreprise. « Ecouter, ausculter, vacciner, notifier, produire des statistiques. Mais aussi : soulager, rassurer. Et soigner avec le traitement adéquat ». Et très vite elle se sent impuissante, fait des cauchemars à thématique professionnelle, souffre d’angoisse et se nourrit de cachets. Mais elle part aussi en guerre – au sens propre du terme – armée pour faire éclater l’autre Histoire, car « quand un salarié souffre ou meurt, assassiné ou suicidé, cela concerne tout le monde, les collègues, les familles, les journalistes, les salariés, la société tout entière ».
Roman noir qui décrit un univers sombre et sans pitié. Roman noir aussi dans le sens du triller dont il est ici impossible de révéler l’intrigue.
M.C.