Texte adopté au congrès de Clermont Ferrand de la FSU en Décembre 2019

Thème 3 : Transition écologique ; droits humains et justice sociale : une urgence démocratique

RAPPORTEURS : Pascal Anger, Grégory Bekhtari, Emmanuel Degritot, Hervé Heurtebize, Catherine Le Duff, Simon Lery, Hervé Moreau, Julien Rivoire, Aurélia Sarrasin, Stéphane Tassel

Nos sociétés soumises depuis des décennies à des politiques néolibérales ont connu des crises économiques, dernièrement celle de 2008, qui ont provoqué un cycle de profondes régressions sociales. Aucune réponse n’a été apportée à la dérégulation financière, cause de la déflagration économique. Au contraire, les politiques menées conduisent à de nouveaux cycles de spéculation, et aujourd’hui un nouveau krach menace. La diminution sur le long terme de la croissance économique s’accompagne de politiques toujours plus agressives envers les biens publics : privatisations, accaparement des terres et extension de la marchandisation sont la norme. Sous le faux prétexte de retrouver une croissance économique plus élevée, les États se mettent ainsi au service des multinationales en favorisant cette accumulation du capital par dépossession d’acquis sociaux et de biens communs. Le pouvoir économique, mais également politique de ces multinationales se renforce : échappant en toute impunité à l’impôt alors que les niveaux de capitalisation peuvent dépasser aujourd’hui le PIB de nombreux pays, elles bénéficient en outre de nouveaux pouvoirs juridiques confiés par les États via la signature de traités de libre-échange auxquels la FSU est opposée. Au mépris des principes de souveraineté démocratique, des entreprises peuvent aujourd’hui chercher à sanctionner les choix politiques de gouvernements élus.

L’ensemble de ces politiques néolibérales ont pour effet de voir le fossé s’élargir entre riches et pauvres, entre puissants et précaires, entre pays riches et pauvres, à l’échelle de la planète et au sein de nos sociétés, aiguisant les tensions géopolitiques et affaiblissant profondément le lien social et les solidarités.

La recherche effrénée de l’accumulation a également pour effet de mettre en danger voire de détruire les écosystèmes en déréglant le climat et la nature sous l’intensification des rejets de gaz à effets de serre, de polluants dans l’air, l’eau et le sol. Si cette crise environnementale appelle des réponses à tous les niveaux, les gouvernements ont une responsabilité historique tant la réponse au défi environnemental implique des transformations systémiques, impulsées par des politiques publiques ambitieuses. Il y a urgence à bifurquer vers un mode de production raisonnée qui ne soit plus dépendant des énergies fossiles, favorisant l’efficacité et la sobriété énergétiques. Nos sociétés doivent faire de la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux leur priorité, et l’extension des services publics est une des réponses des plus efficaces et urgentes à mettre en œuvre. Le financement de cette transition doit respecter le principe de la responsabilité commune mais différenciée inscrite dans l’accord de Paris. Alors que les populations les plus pauvres, à l’échelle de la planète ou dans nos sociétés, sont les premières victimes du dérèglement déjà à l’œuvre, cette transformation du système pour être juste socialement implique que les premiers responsables soient les principaux contributeurs et que le financement s’accompagne d’une remise en cause des inégalités et d’une extension des services publics, notamment de proximité.

Sur le terrain politique nous assistons à une évolution majeure : les politiques liées à la mondialisation libérale et à l’austérité généralisée font l’objet d’un rejet de plus en plus net de la part des populations. Le projet néolibéral continue de voir sa légitimité se déliter suite à la crise de 2008 et le traitement austéritaire de choc imposé par les gouvernements. Ces derniers cherchent donc à répondre à leur crise de légitimité. Mais face à la contestation des peuples, ce sont l’autoritarisme, la répression, la dépossession démocratique qui sont le plus souvent mobilisés pour imposer les mesures impopulaires.

Crise de l’Union Européenne, possible retournement de la phase de mondialisation libre-échangiste, multiplication de conflits guerriers…

Cette instabilité sur le plan géostratégique est provoquée par la montée des droites autoritaires et nationalistes (Orban, Trump, Bolsonaro, Salvini…) dans un contexte de multipolarisation (émergence de nouvelles puissances économiques).

Nous vivons une période incertaine et lourde de menaces, la crise de l’hégémonie néolibérale fait émerger de nouveaux monstres. Mais elle peut aussi donner un nouveau souffle à nos mouvements d’émancipation.

En effet, face aux dynamiques réactionnaires, des mouvements de résistance émergent à l’échelle internationale ou se renforcent à l’image des mobilisations féministes, des mouvements pour la justice sociale, pour la justice climatique ou pour davantage de démocratie sont sources d’espoirs.

Le syndicalisme de transformation sociale que porte la FSU s’inscrit pleinement dans ces recherches d’alternatives, visant à permettre à chacun·e de vivre dignement dans une démocratie politique et sociale qui donne le pouvoir de participer aux décisions et à la gestion des communs.

Celles-ci sont une nécessité pour résister et mettre en échec le libéralisme et contrer la progression des forces nationalistes et néo-conservatrices et ouvrir la voie à une société de solidarité et d’émancipation. Les services publics que nous défendons sont une réponse aux inégalités et à la crise climatique, la défense des droits des peuples, des droits sociaux et des droits démocratiques sont un enjeu majeur face aux mouvements conservateurs et régressifs aujourd’hui à l’œuvre dans nos sociétés.

Partie I. Transition écologique

  1. 1. Changements climatiques et crise environnementale : une approche transversale et urgente nécessaire

I.1.a. Pour un autre modèle de production et de consommation

L’accord de Paris, étape symbolique d’une prise de conscience constitue, depuis 2015 un point d’appui dans la lutte contre le dérèglement climatique à l’échelle internationale mais il est affaibli par son caractère non contraignant.

Il reconnaît l’urgence d’agir et inscrit le principe de responsabilité commune mais différenciée, qui implique que les pays les plus riches et principaux pollueurs prennent leurs responsabilités vis-à-vis des pays les plus impactés. Cependant, le processus onusien est aujourd’hui en panne. La sortie de l’accord d’États fortement pollueurs, le non respect des engagements pris en particulier par les gouvernements français avec une réduction des émissions deux fois plus faible que l’objectif fixé pour la période 2015-2018 et les records d’émissions de CO2 constatés en 2018 et 2019 démontrent la faiblesse des engagements censés contenir le réchauffement à +1,5 °C.

Le dérèglement climatique implique une réponse à l’échelle internationale : avancer vers davantage de régulation pour lutter contre l’emprise des multinationales et des lobbys, pour que la satisfaction des besoins sociaux soit réalisée avec l’empreinte écologique la plus faible possible prime sur la recherche du profit.

Des politiques volontaristes doivent être menées au niveau local, national et international pour engager une rupture avec le productivisme et la surconsommation, l’obsolescence programmée, la fabrication de produits non recyclables ou non bio dégradables, l’éloignement entre la production et la consommation. Il faudra passer d’une économie linéaire à une économie circulaire plus sobre énergétiquement.

Ces politiques doivent contenir le réchauffement à +1,5°C maximum ce qui implique de laisser 80 % des ressources fossiles connues dans le sol. Si l’accès à l’énergie doit faire partie des droits fondamentaux, Il y a urgence à prendre des mesures contraignantes pour les acteurs économiques pour la réduction de la consommation, l’utilisation d’énergies renouvelables, la sortie des énergies fossiles et nucléaire. Cette dernière, ne peut être une solution à la lutte contre le dérèglement climatique du fait de son extrême dangerosité, de ressources fissiles limitées, de l’incapacité à gérer les déchets, et de la difficulté du démantèlement des centrales. La FSU rappelle (Congrès du Mans) son exigence d’arrêt des travaux de l’EPR et son opposition au projet de centre d’enfouissement de déchets radioactifs de Bure qui doit être abandonné au plus vite.

I.1.b. Inégalités environnementales et migrations écologiques

Les réponses doivent être justes socialement. Les responsabilités sont fortement différenciées, et les conséquences des dérèglements en cours (changement climatique, effondrement de la biodiversité, destruction des écosystèmes) n’ont pas le même impact social partout, entre pays et à l’intérieur de chacun d’eux. Cela révèle les inégalités sociales et les aggrave, provoquant des ruptures de solidarité, des violences, des conflits armés et s’accompagne d’importants mouvements de migrations. Les mesures à prendre doivent conduire à la réduction des inégalités sociales et environnementales.

I.1.c. Les mouvements citoyens et de jeunesse en pointe sur les questions d’écologie

La FSU comme les autres organisations syndicales ont la responsabilité de construire, avec des mouvements citoyens, un mouvement pour la justice environnementale suffisamment puissant pour imposer les ruptures nécessaires et la justice sociale. Il en va de l’avenir de nos sociétés et de celui proposé à la jeunesse. Celle-ci se mobilise à travers le monde sur les questions environnementales et climatiques.

De nombreuses mobilisations ont montré la capacité des citoyen·nes à faire émerger des communs, (ressources partagées et gérées collectivement par une communauté. Ils peuvent être naturels, matériels ou immatériels) défendus parfois contre la puissance publique. En particulier en matière de ressources naturelles, la protection de ces communs est d’intérêt général, et doit primer sur la protection d’intérêts particuliers et économiques de court terme.

I.2. Les services publics, une réponse essentielle

I.2.a. Les services publics, un atout pour lutter contre les dérèglements environnementaux et climatiques

La lutte contre les dérèglements majeurs doit être imposée aux acteurs économiques qu’ils soient publics ou privés, ce qui ne peut dans bien des cas que passer par la socialisation de leur capital et de leurs investissements, et par la substitution d’acteurs publics ou coopératifs dans des secteurs stratégiques (eau, transport, énergie…).

Des décisions publiques fortes sont nécessaires pour enrayer la dynamique actuelle, tant en matière d’interdiction d’usages néfastes, que de choix stratégiques (choix technologiques et reconversion de filières, choix d’aménagement, développement des énergies renouvelables). Les politiques publiques ne peuvent se contenter d’en appeler au changement de comportement individuel mais doivent être exemplaires et se doter de moyens d’agir de toute urgence. Par exemple les premières quantités d’énergie et d’eau pourraient être gratuites alors qu’un tarif dissuasif pourrait être appliqué au-delà de certains seuils.

Ces politiques doivent s’appuyer sur des services publics (existants ou à créer) avec des personnels sous statut (protégeant les agents des pressions et des lobbys).

I.2.b. Les services publics nécessaires pour l’adaptation

Le service public doit être basé sur des principes de solidarité, de redistribution, de responsabilité, d’égal accès sur le territoire. Il doit pour cela disposer de moyens (moyens humains, outils réglementaires, instruments financiers) pour agir au travers de sa politique du logement, de l’énergie, des transports, de l’agriculture, de l’emploi, de la formation, de l’éducation, de la recherche, la santé, de l’environnement… Le service public est garant du long terme et de la justice sociale dans les stratégies d’adaptation.

I.2.c Des normes/des règles pour l’environnement, des services publics pour les faire appliquer

Le système normatif actuel, censé protéger les populations et l’environnement, est trop souvent aux mains des grands intérêts industriels et financiers, aux échelles internationale, nationale, locale. Ceux-ci recherchent avant tout à soumettre les règles environnementales aux intérêts du marché, voire à l’élimination de la concurrence en imposant arbitrairement leurs normes, leurs modèles et leurs procédures de conception, d’évaluation, de contrôle, et de diffusion de l’information, à travers des canaux dont ils possèdent l’entière maîtrise. En s’appuyant sur l’expertise scientifique organisée par des services publics, la puissance publique doit rester maîtresse de systèmes normatifs, reprendre la main sur l’édiction des normes, et retrouver des capacités de contrôle et de sanctions. Cela passe par la création de postes de fonctionnaires formés pour effectuer ces missions de contrôle (inspection des installations classées, inspection du travail, inspection de l’environnement…) et par la garantie du respect de leurs avis et conclusion. La tendance de plus en plus prononcée visant à recourir aux auto-contrôles réalisés sous la responsabilité des professionnel·les eux-mêmes, selon des cahiers des charges élaborés par des organismes privés, engendre une multiplication de catastrophes sanitaires et écologiques.

Dans le domaine de l’alimentation, Il faut développer un service public de surveillance sous l’égide de la protection de l’environnement et de la santé pour assurer un véritable contrôle de la qualité des aliments et permettre l’information des citoyens.

I.3. Nos alternatives : La Justice sociale indissociable de la transition écologique

I.3.a Fiscalité des entreprises et des ménages

La fiscalité environnementale est nécessaire et peut revêtir des aspects multiples : dissuasive, incitative, redistributive… Elle peut s’appliquer à la consommation de ressources, aux pollutions. Les ressources financières générées doivent avoir un effet de levier majeur pour réorienter les activités dans le cadre de la transition écologique et réduire les inégalités sociales et environnementales.

Une fiscalité écologique s’est progressivement mise en place. Si elle entend favoriser les “bons” comportements, elle ne concerne à ce jour qu’un nombre limité d’activités. Certains secteurs d’activité en sont totalement exonérés. C’est le cas notamment de la consommation de l’espace (étalement urbain, déforestation et défrichement, grands projets inutiles imposés, artificialisation des sols…) qui se développent au détriment de la protection des sols, du milieu naturel et de sa biodiversité.

En matière de changement climatique, marché du carbone et taxe carbone sont un véritable échec. Le premier n’est qu’une marchandisation de l’atmosphère, alors que la pollution de l’air cause plus de 500 000 morts prématurées en Europe. La taxe carbone doit quant à elle être revue, pour correspondre réellement aux activités les plus impactantes sur le climat, qui ne pénalisent pas les ménages les plus modestes et les populations rurales. Le kérosène et le fuel maritime doivent être réellement taxés.

Le principe « pollueur payeur » doit être effectivement mis en œuvre dans une optique dissuasive et si possible réparatrice, et non dans celle du droit à polluer. La fiscalité écologique doit d’abord concerner les entreprises ; des mécanismes de redistribution, de subventions, simples et lisibles devront être créés pour les ménages les moins favorisés.

Il ne peut y avoir de fiscalité écologique sans modifications structurelles et une lutte contre les inégalités de revenus (augmentation des plus bas salaires, extension du domaine de la gratuité via les services publics).

La fiscalité environnementale doit servir les investissements massifs nécessaires dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, les infrastructures de transports collectifs en alternative au tout-voiture, le ferroutage en alternative au tout camion, la protection des ressources et le développement des services publics. Pour la FSU le financement de ces investissements doit participer d’une réduction des inégalités.

Les investissements et les subventions pour les énergies fossiles et pour les agro-carburants issus de l’agriculture intensive (huile de palme, bio-éthanol…) doivent cesser. Ils doivent être réorientés au profit de la recherche pour le développement des énergies renouvelables et la baisse des consommations d’énergie.

Il faut revoir la fiscalité agricole pour qu’elle oriente les exploitations vers des modes de production plus respectueux des humains, des animaux et de l’environnement tout en garantissant un revenu décent pour chaque agriculteur·trice et permettre le développement d’une agriculture biologique non industrielle accessible à tou·te·s. »

I.3.b Emplois

En janvier 2017, la FSU a contribué à la campagne unitaire proposant la création d’1 million d’emplois climatiques d’ici 2020 et qui chiffrait les besoins à 100Md€. Or aucun plan ambitieux de lutte contre le dérèglement climatique n’a été mis en œuvre.

Les gouvernements et la banque centrale européenne ont mobilisé des centaines de milliards pour sauver les banques après la crise financière de 2008. Il suffirait de la même volonté pour financer la transition écologique et la création d’emplois. Des investissements massifs sont nécessaires au développement de l’agriculture biologique et des énergies renouvelables, à la rénovation thermique de millions d’habitations dont le diagnostic, l’évaluation des besoins, le suivi serait assuré par un service public de « la rénovation thermique ». Ces domaines sont fortement pourvoyeurs d’emplois de tous niveaux de qualification, ce qui implique de soutenir et renforcer le service public d’éducation et de formation.

La relocalisation d’une partie des productions, nécessaire à la réduction de l’émission des gaz à effet de serre, doit permettre la création de nombreux emplois. Cette relocalisation sera favorisée par la mise en place de la taxation du transport routier, aérien et maritime à la hauteur de leur impact sur l’environnement, et le développement du fret et du transport ferroviaires.

I.3.c Vers un nouveau modèle agricole

La crise climatique, environnementale et sociale impacte également le monde paysan et contribue à son mal-être.

La demande croissante d’alimentation bio doit s’accompagner d’une hausse des surfaces cultivées en bio et des aides à la conversion. Un changement radical de pratiques est impératif en s‘affranchissant des obstacles liés aux lobbys de l’industrie agro-alimentaire et en refusant l’émergence d’un modèle de production « bio » industrielle . Il faut s’opposer aux projets industriels d’usines de biogaz, dont la logique conduit à produire des déchets à cet effet, et favoriser les solutions respectueuses de la préservation des ressources naturelles.

Pour soutenir les paysan·nes qui privilégient des modèles tels que la micro-ferme, les fermes urbaines, l’agro-écologie et la permaculture, il faut encourager les systèmes agro-écologiques diversifiés et renforcer la recherche agronomique publique vers l’agriculture durable, imposer un enseignement agricole public indépendant des lobbys au service de la transition écologique qui intègre une pensée systémique pour ne pas limiter l’agroécologie à quelques pratiques, qui doivent être mises en œuvre dans les exploitations des lycées agricoles publics. Un tel développement doit être soutenu par la commande publique (restauration collective…). Une recherche publique, avec moyens humains et matériels conséquents, est nécessaire en sélection végétale. Elle doit être élaborée en partenariat avec les agriculteurs en répondant à des besoins nutritionnels, environnementaux, sociétaux et économiques. Les agriculteurs doivent conserver une réelle autonomie quant à la sélection et à l’utilisation de leurs semences, sauvegardant ainsi une riche biodiversité et refusant la monoculture.

De plus, l’amélioration des conditions matérielles et ergonomiques, l’accès facilité à l’installation, des statuts protecteurs et une meilleure articulation entre vie privée et vie professionnelle doivent accompagner cette transition, notamment pour les paysannes. Enfin, le concept de démocratie alimentaire doit être porté pour une gouvernance alimentaire du territoire, en favorisant la production d’une alimentation moins carnée, qui permet de penser dans un ensemble la nature, l’agriculture et la nourriture en encourageant la création de projets alimentaires territoriaux. Le soutien aux mouvements internationaux d’agriculture paysanne est un moyen pour faire valoir ce concept.

De la même manière, le nombre de scieries s’est effondré et la filière d’exploitation du bois s’oriente de plus en plus vers de grandes monocultures, s’engouffrant dans les mêmes logiques libérales qui ont mené à l’impasse écologique de l’agriculture intensive et extensive.

Au regard des limites de la PAC, il faut faire valoir une véritable politique agricole et alimentaire commune (PAAC) pour en finir avec les politiques centrées sur l’exportation et raisonnées selon les cours des marchés mondiaux, et permettre de défendre une agriculture respectueuse de l’environnement et garantissant un revenu digne à chaque agriculteur·trice.

La FSU s’engage à appliquer ces principes dans son organisation : favoriser des repas végétariens et tendre vers une origine 100% bio et local.

I.3.d Mobilité, transports et aménagement du territoire

Les transports restent l’une des causes principales des émissions de gaz à effet de serre avec une tendance à l’augmentation. L’impératif de réduire les rejets polluants liés aux transports doit se conjuguer avec la nécessaire et légitime mobilité des personnes. Il faut donc développer une politique de transports collectifs ou coopératifs alternative au tout-voiture et au tout-camion, aménager des pistes cyclables (praticables et sécurisées) et des espaces piétons, ce qui permettra également de réduire l’insécurité routière qui brise des milliers de vies et de réduire les nuisances environnementales. L’Etat et les collectivités locales doivent se montrer exemplaires dans l’achat de véhicules non polluants.

Le ferroutage, le transport des marchandises par le train et le transport fluvial, l’arrêt des suppressions des trains de nuit et des lignes de desserte de proximité, mais aussi leur développement sont des alternatives à promouvoir.

Pour cela, il faut, en lien avec les demandes des comités d’usagers rétablir certaines lignes fermées et développer le transport ferroviaire. La possibilité de déplacements gratuits doit être effective pour l’ensemble des habitant·es sur un territoire (commune, métropole, département , région…). L’opérateur national public doit proposer des tarifs fixes et modérés.

La FSU dénonce d’autres méfaits sur l’environnement, que ce soient les pollutions générées par le secteur aérien ou les navires de croisières, ou encore les dégradations côtières ou l’artificialisation d’espaces naturels.

Au rythme actuel, l’équivalent d’un département français est artificialisé tous les 5 à 6 ans au détriment des espaces naturels et des terres agricoles avec un impact d’autant plus considérable que les terres soustraites à l’agriculture sont bien souvent parmi les plus fertiles. Les causes de l’étalement urbain sont l’habitat, mais aussi les zones commerciales et industrielles sans oublier par exemple l’établissement de fermes solaires dont les panneaux devraient de préférence être installés sur les toits des bâtiments publics. Pour remédier à cette artificialisation, des objectifs chiffrés de réduction de la consommation d’espaces doivent être fixés et il faut veiller à la cohérence des décisions en matière d’urbanisme. Pour aller plus loin, il faut une sanctuarisation des terres agricoles et des espaces naturels. La FSU s’oppose aux grands projets inutiles. Les parcs nationaux et régionaux doivent obtenir les moyens d’assumer leurs objectifs de préservation des espaces naturels, de conservation du patrimoine, et, de formation des citoyens. L’Etat doit renoncer à démanteler l’Office National des Forêts ; une gestion durable de nos forêts dépend du maintien d’un service public forestier conséquent.

I.3.e Les enjeux productifs

Pour la FSU, les objectifs de justice sociale, de lutte contre les inégalités de développement et de préservation de l’environnement, nous obligent à remettre en cause le modèle productif mondialisé, qu’il s’agisse de la division nationale et internationale du travail, de sa répartition sexuée, des processus de production, des conditions de mise à disposition des biens et services et de leurs effets sur le vivant, de l’accaparement des biens naturels, de la prédation intellectuelle qu’il exerce, du nivellement comportemental qu’il génère. Le système économique doit viser la satisfaction des besoins sociaux sans épuiser les ressources et dégrader l’environnement. La FSU se fixe un mandat d’étude sur les alternatives au productivisme, parmi lesquelles la décroissance matérielle. Il faut permettre à chacun·e de vivre dignement dans une démocratie politique et sociale qui donne le pouvoir de participer aux décisions et à la gestion des communs.

La FSU  s’oppose aux politiques issues de l’idéologie néolibérale. Elle est pour une organisation du travail qui redonne du sens à l’engagement professionnel individuel et collectif, des modes de productions et des Services Publics localisés au plus près des besoins selon une organisation du travail qui respecte la vie humaine, les rythmes de la nature, protège et permet le renouvellement de la biodiversité.

I.3.f Pour un vrai Droit environnemental

Pour la FSU, institutionnaliser et faire respecter un droit environnemental international est indispensable. Il permettra de codifier le principe de souveraineté alimentaire et de sécurité environnementale, et d’instituer un tribunal international pour protéger les victimes des multinationales et faire reconnaître leurs impacts négatifs sur les droits humains fondamentaux. Le crime d’écocide relèverait aussi de ce droit. Il offrirait ainsi un élément législatif de référence pour traiter des atteintes au milieu naturel dont les conséquences s’avèrent particulièrement graves pour le maintien de la vie et des milieux naturels.

I.4. La FSU engagée sur les questions écologiques

I.4.a Santé publique et inégalités

La loi alimentation dite EGalim de 2018 devait apporter un équilibre entre relations commerciales, alimentation saine, durable et accessible à tous et toutes. Elle est plutôt la loi du renoncement, elle ne va ni dans le sens des producteurs ni dans celui des consommateurs. L‘alimentation est un enjeu majeur dont les moteurs sont l’environnement, la santé et l’économie. L’accès de tous et toutes à une alimentation saine et équilibrée qui s’appuie sur des modes de productions durables et locales doit être un droit effectif.

Cela doit s’accompagner de contrôles renforcés des pratiques des distributeurs, d’une réglementation du marketing alimentaire à destination des enfants. Il s’agit également de promouvoir et développer dans la restauration collective (dont les cantines scolaires) l’alimentation bio, diversifiée (parfois végétarien) et provenant de circuits courts.

A propos de la plupart des pesticides qui constituent un crime environnemental et sanitaire, il faut contraindre les politiques publiques à interdire tous les pesticides issus de la chimie de synthèse ainsi que l’import ou l’export de produits en contenant, supprimer les aides à l’agrochimie pour les transférer vers l’agro-écologie et renforcer la recherche agronomique publique.

Il est nécessaire que les pouvoirs publics reconnaissent les victimes des produits phytosanitaires et qu’un fonds d’indemnisation soit créé, financé par les entreprises de l’agrochimie.

I.4.b Transition et enjeux éducatifs, de recherche et d’innovation

Levier essentiel d’une nécessaire transformation des rapports sociaux, fondement de la transition écologique, l’éducation scolaire et péri-scolaire doit préparer au plein exercice de l’éco-citoyenneté. La formation professionnelle et continue, en lien avec la création d’emplois « climat », et les cursus universitaires doivent également y participer. Les programmes nationaux du premier et du second degré doivent répondre aux attentes des jeunes générations et intégrer l’analyse des processus de production et de consommation, responsables du réchauffement climatique et de la crise environnementale. L’éducation doit permettre une réelle émancipation des élèves, à l’éducation nationale et à l’enseignement agricole et maritime public, l’affirmation chez eux d’un esprit critique par la transmission de savoirs, savoir-faire et capacités d’analyse pour contribuer à des alternatives porteuses de solutions d’avenir, du niveau local à l’échelle internationale.

Le système libéral entrave la participation des citoyen.nes et des travailleurs et travailleuses, y compris des scientifiques, aux décisions relatives aux grands enjeux de société et oriente la recherche scientifique vers des intérêts à court terme qui ne sont pas ceux de la durabilité forte.

Afin d’imposer aux gouvernements des politiques durables en matière de climat, d’écosystèmes, d’urbanisation, d’alimentation, d’eau, d’énergie, de santé, d’économie et d’emplois. Dans cette perspective, la recherche doit bénéficier de programmes publics qui accordent des moyens et une pleine liberté aux chercheurs et chercheuses et qui reposent sur des coopérations internationales associant l’ensemble des pays et des organisations syndicales ou citoyennes, et bénéficiant de financements publics à la hauteur des enjeux.

L’usage de plus en plus intensif des outils et techniques numériques a un impact désastreux sur l’environnement et les pays d’où sont extraites les ressources pour les produire. Dans ce domaine cet usage doit être raisonné, répondre à l’intérêt général au service de tou-tes et échapper à l’emprise des lobbies.

I.4.c Écologie et conditions de travail

La transition écologique doit être créatrice de droits pour les personnels de la Fonction publique. Pour réduire les trajets professionnels, les opérations d’affectation doivent privilégier le rapprochement du domicile, selon des modalités qui prennent en compte les vœux des agent·es, en rétablissant le contrôle paritaire des élu·es du personnel. Les conditions d’exercice doivent préserver les personnels des manifestations du dérèglement climatique : l’isolation thermique des unités de travail est prioritaire ainsi que leur sécurité et sobriété énergétique. Les CHSCT, maintenus dans leurs prérogatives et leur fonctionnement, s’assurent des réponses aux risques professionnels provoqués par la crise environnementale. La suppression des objets plastiques à usage unique, l’organisation du tri des déchets et leur valorisation, et la réduction des restes alimentaires relèvent des responsabilités de l’employeur public. Les personnels doivent bénéficier de l’accès à des tarifs préférentiels à une restauration collective ayant recours à l’agriculture biologique, proposant des menus végétariens et privilégiant les produits locaux ou à circuits courts. En complément de l’utilisation des transports publics gratuits, les déplacements pédestres ou cyclistes sont à encourager par une sécurisation accrue des voies de circulation et par des incitations financières significatives : la FSU revendique l’élargissement et l’application à toute la Fonction Publique de l’indemnité kilométrique vélo.