REGARDS CROISES N°45
ART : Musée de l’Histoire vivante 2 – Frédérick GENEVEE et Éric LAFON
DOSSIER : Mémoire et mémoires militantes
ENTRETIEN : Une histoire féministe engagée – Fanny GALLOT
Mémoire et mémoires militantes
Les anniversaires, en l’occurrence celui des 30 ans du dépôt des statuts de la FSU en mars 1993, sont toujours l’occasion de célébrations de réussites, parfois hyperboliques. Telle n’est pas notre intention. Ce numéro de Regards croisés est consacré à l’ouverture d’une réflexion sur les mémoires militantes collectives et individuelles qui alimentent ce genre de commémoration. Modestement, il cherche à élargir la problématique, bien au-delà de l’événement que fut cette naissance, en se penchant sur les rapports complexes entre mémoires militantes et histoire du mouvement social. Cette approche prend place dans le cadre de la mission dévolue à notre institut de recherches syndical, celle d’apporter des informations et des éléments d’analyse à notre fédération.
Ce dossier n’a donc pas pour seul objet de revisiter l’histoire d’un passé révolu, réduit à un patrimoine dont il faudrait seulement transmettre le souvenir. Il a l’ambition d’ouvrir la réflexion sur l’analyse du temps présent et de nous aider à nous projeter dans l’avenir. Telle était d’ailleurs la conclusion du tome 2 de l’Histoire de la FSU. Autrement dit, comment se trouvent articulés passé et futur dans le temps présent ?
Pour cela, sont croisées dans ce dossier des analyses de chercheur.es universitaires, des témoignages de militant.es de la FSU, les objectifs de centres de ressources documentaires sur le mouvement social. Il en découle autant de parties : recherches, paroles de militant.es, outils, se terminant par des propositions des responsables du Centre de formation fédéral et du chantier Histoire de notre institut. L’ensemble est encadré au début, par une visite au Musée de l’Histoire vivante de Montreuil, centre de ressources sur l’histoire du mouvement social, et à la fin, par le grand entretien avec Fanny Gallot qui ouvre des fenêtres sur de nouvelles approches de cette histoire.
Ce dossier fait donc écho à ce que soulignait un militant et historien du mouvement ouvrier d’avant-guerre, Édouard Dolléans : « L’œuvre interrompue doit être sans cesse reprise par les militants, plus lucides et plus obstinés que leurs frères. Par-delà les déceptions et les reculs, leur persévérant courage a relié entre eux des efforts qui se heurtent aux circonstances économiques et à la résistance des individus.»
Dossier coordonné par Alain Dalançon