L’idée de consacrer un dossier de Regards Croisés à la question de l’égalité femmes-hommes et à son ampleur nouvelle dans les luttes, les réflexions, les débats sur la nécessaire transformation de notre société, date du tout début de cette année 2020.
C’est au chantier «Femmes – Savoirs -Pouvoirs», dont les travaux venaient de commencer, qu’en fut confiée la responsabilité. Nos premières réflexions, nos premières idées d’articles sont nées alors que nous étions, avec la FSU, en plein mouvement contre la loi sur les retraites et contre la loi de programmation de la recherche (LPPR), impressionné·e·s et interrogé·e·s.par la place que les femmes tenaient dans ces mobilisations. Ce fil des luttes, nous l’avons gardé, c’est le fil rouge de ce numéro construit bien des mois après, dans un autre contexte.
Depuis, il y a eu en effet la pandémie, le confinement qui s’est avéré être un premier confinement, la sortie dans un monde qui ne fut pas «le monde d’après» un temps espéré. Avec le confinement et le choc de la pandémie, ce fut l’aggravation des violences faites aux femmes et des inégalités. Ce fut la dichotomie criante, entretenue par les médias, entre, d’une part, la découverte du rôle des femmes qui auraient incarné le travail dit alors essentiel pour la société et, d’autre part, leur exclusion de la parole publique et de l’expertise scientifique, politique, économique, idéologique. Et ce, malgré l’importance de leurs
contributions dans tous ces domaines et leurs multiples initiatives pour se faire entendre. Le confinement fut aussi un temps de réflexions et de propositions, entre autres du monde syndical, pour un monde d’après «social, écologique et féministe». Ainsi, durant le confinement, le thème des inégalités femmes-hommes a échappé à la condescendance à laquelle il se heurtait, y compris dans nos milieux professionnels et syndicaux, et l’étendard féministe a été, sinon brandi, du moins affiché par nombre d’organisations dont les organisations syndicales. Mais comment faire en sorte que cette dimension féministe, une fois sa nécessité admise, soit placée au cœur même, et non en extériorité, des luttes et des réflexions qui se veulent émancipatrices pour toutes et tous?
C’est en tenant ce fil des femmes et des luttes, dont celles des deux siècles passés, en s’attachant au concret d’actions, de réflexions que nous avons cherché, dans ce numéro, à mettre en avant quelques-unes des questions incontournables pour celles et ceux, militant·e·s comme organisations, qui s’engagent pour changer le monde.
Hélène Gispert

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