Torture blanche, par Narges Mohammadi, Prix Nobel de la paix 2023, éditions Albin Michel.

 

L’ouvrage est un recueil d’entretiens que la militante iranienne des droits humains a menés auprès de femmes qui toutes ont connu l’emprisonnement. Et toutes ont été emprisonnées pour des raisons politico-religieuses. Toutes ont fait l’expérience de conditions d’incarcération particulièrement douloureuses et qui se nomment « torture blanche ».
Cette « torture blanche » consiste en une privation de « toute stimulation sensorielle sur la durée » précise une historienne australienne, Shannon Woodcock dans sa postface. Ces incarcérations dans des cellules minuscules en béton, éclairées jour et nuit, dans lesquelles presque aucun son ne passe, à la suite d’arrestations et de procédures arbitraires visent à réduire toute volonté d’opposition de la part de ces femmes.
Leurs témoignages décrivent en détail les effets du « quotidien » de ces vies comme suspendues à l’arbitraire : « La nourriture proposée, toujours la même, est fade et servie à la température de la pièce dans un bol en métal, le thé dans un gobelet en plastique. ». Elles n’ont plus de nouvelles de leurs familles et ne savent pas pour combien de temps encore elles sont incarcérées.
Contre la soumission des femmes – dont le « voile obligatoire » est devenu le symbole – et pour le respect des droits humains en Iran, Narges Mohammadi manifeste une impressionnante détermination ; refusant systématiquement toute libération proposée au prix d’un reniement. L’ouvrage est l’occasion pour elle de rappeler le sens de son combat : « Nous, le peuple iranien, aspirons à la démocratie, à la liberté, au respect des droits humain et à l’égalité. La République islamique est l’obstacle principal à la réalisation de cette demande nationale. »

Guy Dreux, IR.FSU