Le recours au 49.3 – que rien politiquement ne justifie – n’est que la cerise sur le gâteau d’un « président élu » – par qui, contre qui ? – qui, depuis le 31 janvier a ignoré et méprisé les 8 organisations syndicales unies et les millions de manifestant.es dans les rues qui ont dit haut, fort et calmement leur refus de cette réforme.
Alors que tous les sondages confirment que tant au niveau de la population, que des salarié.es – notamment du privé – les trois quarts refusent le report de l’âge de la retraite à 64 ans, alors que l’annonce du recours au 49,3 a mis sur les places un peuple en colère, avant même que l’Assemblée Nationale ne rejette qu’à seulement 9 voix une motion de censure, le président osait déclarer qu’il irait jusqu’au bout.
Face à tous ceux qui ne manqueront pas d’opposer les « violences » des feux de poubelles et autres barricades à la légitimité du pouvoir en place, nous ne pouvons que dire qu’ils ne peuvent argumenter cette rhétorique qu’au prix du mépris et de l’oubli des travailleurs et de leurs « corps tordus », au mépris de la démocratie véritable.
Car de quelle légitimité, de quelle démocratie parlent-ils ?
Toute cette séquence ne fait que jeter une lumière crue sur la réalité de cette « démocratie représentative », de cette 5ème République. Plutôt qu’un « déni » de démocratie, elle apparait sans fioriture de façon brutale et cynique pour ce qu’elle est : la volonté du prince ! Rien d’autre.
Si cette nouvelle démonstration brutale de fausse démocratie renforce la crise de la représentation et peut conduire, probablement, à l’expression – sous toutes ses formes – de la volonté du peuple, il nous reste à construire une véritable démocratie directe et représentative avec ses corps intermédiaires (syndicats, associations…), ses partis faute de quoi le champ est largement ouvert pour une extrême droite qui attend son heure.
La FSU a donc raison d’écrire « Le mouvement social est plus légitime que jamais à contester une loi passée en force, sans majorité à l’Assemblée nationale et malgré la très vive opposition qu’elle rencontre dans la population. »[1].
Par tous les moyens légaux – manifestations intersyndicales, grèves, blocages, referendum d’initiative populaire – nous poursuivrons le combat contre cette loi et pour construire une véritable démocratie directe et représentative.
Jean-Michel Drevon le 21/3/23
[1] Communiqué FSU du 20 mars 23