Lucie Tanguy est décédée le 22 février dernier.
Elle était directrice de recherche émérite au CNRS, dans le laboratoire GTM-CRESPPA, à Paris 8 et Paris Nanterre.
Nombre de militants de la FSU la connaissaient pour l’avoir entendue, lors d’une formation syndicale ou sur les médias, dénoncer la place croissante de l’entreprise dans l’école.
Lucie Tanguy était l’exemple même de la volonté d’associer les exigences de la recherche universitaire et l’engagement militant sans que l’un puisse venir nuire à l’autre. Si elle condamnait avec détermination l’emprise grandissante de l’idéologie entrepreneuriale sur l’éducation, elle en montrait les stratégies complexes permettant à cette question d’être saisie par le débat public au-delà des leurres que le partenariat avec les entreprises est capable de produire y compris auprès des enseignants.
Lucie Tanguy avait commencé ses recherches en 1961, en Algérie auprès de Pierre Bourdieu et poursuivi auprès de Viviane Isambert-Jamati au Centre d’Etudes Sociologiques.
Socio-historienne de l’enseignement professionnel, ses nombreuses publications individuelles et collectives, au-delà de la question de la volonté patronale de socialiser les élèves à l’esprit d’entreprise, avaient exploré de nombreux sujets de la relation entre travail et formation professionnelle et permanente.
Les nombreu·ses étudiant·es qu’elle avait formé·es appréciaient sa capacité à lier générosité et exigence dans le soutien qu’elle accordait à leurs travaux.
L’Institut de Recherches de la FSU et ses membres avaient eu à plusieurs reprises l’occasion de travailler avec elle et expriment leur tristesse à la nouvelle de sa disparition.