Uwe WITTSTOCK, Février 1933 L’hiver de la littérature

Tradition berlinoise, le Bal de la presse est un rendez-vous mondain qui réunit le dernier samedi de janvier les auteurs, éditeurs, dramaturges, comédiens et journalistes qui « comptent ». Cette année, 1933, le bal a lieu le 28 janvier ; soit deux jours avant la nomination d’Adolf Hitler à la chancellerie.
Uwe Wittstock propose de suivre ce tout Berlin artistique et littéraire durant cinq semaines ; du 28 janvier au 5 mars, date de l’élection au Reichtag qui assurera la domination du Parti nazi (NSDAP), sans toutefois avoir obtenu la majorité des suffrages.
Cinq semaines seulement car tout semble se précipiter. Tout va très vite en ce mois de février 1933. Avant même les élections du 5 mars, le 28 février les droits fondamentaux sont abolis « jusqu’à nouvel ordre » avec la signature d’Hindenburg du « décret du président du Reich pour la protection du peuple et de l’Etat » ; décret rédigé par les nazis seulement quelques heures après l’incendie du Reichstag.
Uwe Wittstock restitue la manière avec laquelle les uns et les autres voient – ou ne voient pas – le péril. Comment les uns et les autres interprètent les reprises en main de certaines institutions culturelles ou les combats quotidiens de plus en plus violents entre les militants du NSDAP et ceux du SPD par exemple.
C’est donc à travers les réflexions, les hésitations, les moments d’abattement ou de faux espoirs, les moments de doutes aussi de Thomas Mann, de Gottfried Benne, de Hans Fallada ou de Bertolt Brecht et de bien d’autres encore que l’auteur nous fait traverser une période de l’histoire ; une période très courte où le temps s’accélère pour le pire.

Guy Dreux, IR.FSU